La vie dans un château « canayen »...Le château Dufresne

 

 

 

 

 

 

 

Situé au coin Sherbrooke et Pie IX, le château Dufresne est joyaux de l’architecture montréalaise. L’unique résidence de cette envergure parmi les constructions résidentielles. Bâtit de 1915 à 1918, le château loge deux frères : Oscar et Marius Dufresne. Ce bâtiment est en quelque sorte un semi détaché! Oscar habitait la partie est et Marius l’ouest. En 1918, on évalue ses coûts de construction à 1 million de dollars! Les plans sont réalisés par Marius qui est architecte et ingénieur. À l’époque, le château est situé dans la ville de Maisonneuve (1883 à 1918) qui se voulait l’équivalent de Westmount pour les canadiens-français. Ce bâtiment fait parti d’un ensemble de constructions de grand panache dans ce quartier : marché Maisonneuve, le bain (public) Morgan, l’hôtel de ville de Maisonneuve (aujourd’hui bibliothèque)… lesquels sont des œuvres de Marius Dufresne. À Maisonneuve, on désirait créer un mariage entre bonne qualité de vie et prospérité selon le moule du « City beautiful ».

 

                       

 

Le château Dufresne fut réalisé en s’inspirant du « Petit Trianon de Versailles ». De style beaux-arts, c’est-à-dire aux volumes monumentaux et par des éléments de symétrie. Dans le style beaux-arts, chacune des pièces s’inspirent de lieux et d’époques différentes de l’histoire. Nous retrouvons des pièces s’inspirant de la renaissance française, de la renaissance italienne, de l’art gothique, de l’art ottoman, etc.

 

 

 

 

 

 

   

Marius Dufresne en plus de réaliser des plans d’édifices on lui doit les piliers du pont Jacques-Cartier, le pont Viau et le boulevard Pie IX. Tandis qu’Oscar Dufresne hérite de la manufacture de chaussures de la famille « Dufresne & Locke » située à l’époque au coin Ontario et Desjardins. On y employait près de 400 employés et y produisait 300 paires quotidiennement. Ses chaussures étaient acheminées jusqu’en Égypte! En plus, Oscar est conseillé municipal dans Maisonneuve. Plusieurs mentionnent qu’Oscar était le penseur dans la ville et son frère Marius concrétise ses idées…avec un certain succès. Puisqu’à l’époque Maisonneuve est « la Pittsburgh du Canada ». Maisonneuve est la 2e ville industrielle du Québec et la capitale de fabrication de chaussure du Canada. Cependant avec un trop grand nombre d’emprunt et avec les turbulences économiques causées par la première guerre mondiale, la ville de Maisonneuve est annexée à Montréal en 1918.

 

 

La famille Dufresne habita le château jusqu’à la fin des années 1940. Oscar décède en 1936 et Marius en 1945. La succession vend le bâtiment aux pères de Sainte-Croix pour en faire un externat pour les enfants du quartier. Plus tard, les pères de Sainte-Croix s’installeront définitivement dans ce qui deviendra le cégep Maisonneuve.

 

 

Cependant, le passage de la congrégation ne fut pas sans histoire : À l’origine, les Dufresne avaient demandés à Guido Nincheri de décorer leur demeure de vitraux et de peintures marouflées (toiles appliquées sur les murs ou plafond). Plusieurs des peintures sont des scènes mythologiques où les personnages sont légèrement vêtus! On croyait que les élèves, avec un environnement semblable, ne serait à quels saints se vouer! On décide alors de censurer certaines peintures en appliquant de la gouache par-dessus! Les travaux de restauration furent tout un défi. Il fut heureux de redécouvrir les œuvres de Nincheri car celles-ci sont les rares qui ne sont pas de l’art religieux. D’ailleurs, il est celui qui décora la première église de la première paroisse italienne de Montréal : l’église Notre-Dame-de-la-Défense dans la petite Italie. Il signa plusieurs œuvres dans des églises de l’Amérique du nord dont la cathédrale de Trois-Rivières.

 

Après le passage des frères de Sainte-Croix, le château abrite le musée d’art décoratif qui déménagera plus tard. Ainsi, le bâtiment sera laissé à l’abandon pendant 6 années consécutives. Il sera habité par des « squatters » qui y dorment la nuit. Le château se dégrade grandement et subit du vandalisme. En piteux état, à l’approche des jeux olympiques de Montréal en 1976, on considère de raser le bâtiment ou de le restaurer. Heureusement, Jean Drapeau confie le travail à la fondation Mac Donald Stewart (Vieux Fort de l’île Sainte-Hélène) la restauration des lieux pour l’ouverture des jeux olympiques.

 

Remerciements:

- Atelier d'histoire d'Hochelaga-Maisonneuve

- Musée du Château Dufresne